Bakhtapur, 1er jour

Publié le par Dadouchka

Cette fois, je décide de me simplifier la vie et de prendre un taxi. Seule difficulté : négocier le juste prix de la course. Bhaktapur est relativement loin de Bodnath, ça devrait donc être un peu plus cher que les autres trajets faits jusque là. Ceci dit, j’ai sans doute payé les précédents plus cher que je n’aurais dû. Je décide de tenter le coup pour 500 roupies. Je négocie avec un groupe de taxi devant la sortie du site. Leur prix de départ est de 1000 roupies. Je campe sur mon prix. Ça descend peu à peu à 700. Je fais mine de partir pour voir si je peux obtenir mieux, mais ça ne marche pas. Je m’en vais donc pour de bon, au moins maintenant j’ai une idée du prix raisonnable. Je m’adresse à un autre taxi un peu plus loin, négocie à nouveau, et me contente cette fois des 700 roupies. C’est parti pour une grosse demi-heure de route. La route traverse la campagne, et les champs de padi. Parfois, on voit des femmes planter les pousses dans les rizières. La mousson sera là bientôt, tout doit être prêt pour son arrivée. Ailleurs, une femme sarcle une parcelle avec une sorte de bêche à manche court, qui l’oblige à travailler courbée. Elle porte une grosse feuille verte (de quelle plante ?) sur la tête pour se protéger du soleil.

 

Enfin on arrive à Bhaktapur. Le taxi est obligé de s’arrêter à l’entrée de la vieille ville entièrement piétonne, il faudra que je me débrouille pour trouver un hôtel. Mais avant ça je dois payer pour entrer. Comme les autres centres des villes visitées, l’accès est payant, mais c’est assez différent. Ici, la guérite qui sert de caisse est facilement repérable, et la limite du territoire tarifé bien marquée (à Katmandou, on peut facilement traverser le Durbar Square sans s’apercevoir qu’il fallait s’acquitter d’un droit d’entrée). 2eme particularité, le tarif est bien plus élevé : 750 roupies contre 100 à 200 ailleurs. Ensuite, la zone concernée est bien plus vaste, et ne concerne pas que le Durbar Square. Enfin, la qualité exceptionnelle de préservation et de restauration, justifient tout à fait le tarif. Ici la municipalité est tout à fait consciente de la valeur de son patrimoine et s’emploie à le valoriser. Et le droit d’accès est valable pour une semaine à condition de le faire marquer sur le ticket Je paie donc mon écot, et m’engage sur le Durbar Square. Comme partout ailleurs, des guides se proposent de me faire  visiter la ville. Mais j’ai prévu de contacter Kumar que j’avais rencontré à Katmandou et qui est d’ici. L’un d’eux m’accompagne quand même jusqu’à l’hôtel repéré dans le routard, et me dit que au cas où je ne trouverais pas la personne que je cherche, je pourrai le trouver au même endroit, à l’entrée de la ville.

 

L’hôtel Khwopa Guesthouse est charmant, c’est une ancienne maison Newari, avec ses boiseries sculptées, qui a été restaurée. Comme partout où je suis allée, l’accueil est sympathique, les tarifs plus que raisonnables. Je me sens comme une géante dans cette maison construite à l’échelle des habitants de l’époque : les népalais ne sont pas très grands mais ils devaient être encore plus petits à l’époque il y a deux cents ans. Je m’installe puis me met en quête d’une connexion internet. Premier essai infructueux dans un cyber café installé dans une sorte de grenier, plutôt sympa bien que la chaleur y soit étouffante. Au deuxième essai, je trouve un poste libre, mais c’est une cave humide à l’odeur pas très nette. Qu’importe, au moins la connexion n’est pas trop mauvaise, et je peux envoyer un mail à Kumar, et donner quelques news sur ce blog. Ça me prend une bonne partie de l’après midi, après quoi je cherche un endroit ou me poser et sentir un peu l’atmosphère de la ville.

 

Je trouve refuge à l’étage d’une pagode donnant sur une des places de la ville (chercher le nom du lieu). C’est plutôt rigolo d’être perché sur la petite coursive qui tourne autour du 1er niveau. J’ai une jolie vue sur le temple en face (une belle pagode à 5 toits), et sur l’arrière d’un autre. Il y a sur la place une sorte de terre plein d’environ 50 cm de haut maintenu par un muret, au bord duquel les gens d’assoient pour discuter un moment ou se reposer un peu avant de repartir. Un petit attroupement s’est formé autour d’un petit vieux tout tordu et de trois occidentaux. Parmi les trois touristes, un jeune homme s’est agenouillé devant le petit papy qui s’est appuyé contre le muret et manipule doucement sa jambe. C’est certainement un médecin ou un kiné. La scène dure un moment, un quart d’heure ou peut-être vingt minutes. Les gens autour observent de près la scène. Le kiné continue sa consultation tranquillement,  fait s’asseoir le grand-père, lui fait lever la jambe, lui montre comment faire. Et puis le papy finit par repartir après avoir longuement serré la main de son soigneur improvisé. Celui- ci reste encore là un moment, à discuter avec les deux filles qui l’accompagnent, et les curieux se dispersent lentement. Et puis le petit vieux repasse par là, serre à nouveau la main du kiné, et puis c’est fini, chacun s’en va de son côté. Et moi aussi, je finis par m’en aller.

 

Je fais un petit tour dans la ville, je flâne, je tâte l’atmosphère. Je ne vais pas très loin pourtant, je sais que demain, j’aurai un très bon guide pour visiter la ville, alors pas besoin de se presser. Assez vite le jour décline et il y a moins de monde. Je choisis un restaurant qui donne sur la même place, de l’autre côté. Je mange tranquille quand deux français débarquent. Au bout d’un moment on se met à discuter. Ces deux veinards sont en train de faire le tour du monde ! Ils ont deux ans en tout, ils ont commencé quelques mois plus tôt par la Russie, puis ils sont passés en Mongolie où ils ont passé un hiver mémorable dans la yourte d’une Allemande installée là depuis des années, mariée à un Mongol, et portée sur la bouteille (pas étonnant vu les  conditions de vie). Ils ont atterris là via un site de couch surfing. Après ça la chine, puis remontée par le Tibet où la visite encadrée par les autorités chinoise les a laissés sur leur soif (pas de regret donc de ne pas y être allée). Et enfin le Népal où ils viennent d’arriver et où le bordel ambiant leur à fait un choc par rapport à l’hyper organisation chinoise. Après le repas on descend sur la place ou des musiciens se sont mis à jouer le long du mur d’un temple. Le musique est lente et répétitive, avec beaucoup de percussions, clochettes, et un chant monocorde et lancinant. Avec l’odeur des lampes à huile qui les éclaire, l’atmosphère est douce et entêtante. On s’assoit sur le terre-plein pour les écouter un moment et des chiens errants reniflent mon sac à dos où il reste quelques biscuits. Et puis la quiétude est soudain rompue : un gamin courant à toute allure déboule sur la place et la traverse comme une flèche. Pas loin derrière, des flics rappliquent et lui courent après, mais finissent par abandonner la partie. De dépit l’un d’eux flanque un grand coup de pied à un des chiens errants. Qu’a bien pu faire un gamin de cet age pour que des uniformes le pourchassent ainsi ? Mystère, mais ça ne présage rien de bon de la condition des enfants au Népal. Cet épisode a un peu perturbé les deux globes trotters qui décident de se réfugier à leur hôtel, et je finis par faire pareil.

Publié dans Voyage Népal

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