Bhaktapur J2 - Un film Népalais

Publié le par Dadouchka

Nous sommes le 7 juin, il ne me reste plus que cinq jours avant de quitter le Népal. 5 jours et encore tant de choses à voir ! Bref, je ne me lève pas trop tard avec cette perspective à l’esprit, et surtout réveillée par l’agitation de la rue (les Népalais se couchent tôt, mais se lèvent tôt aussi…). Je descends de ma chambre et là, dans le hall de l’hôtel, je trouve Kumar ! Il a donc eu mon message, et il est venu de bon matin. Je ne sais pas combien de temps il a attendu, une heure peut-être !! Je vais donc pouvoir compter sur un guide sympa et cultivé pour découvrir la ville et ses environs. Mais avant ça je dois me remplir l’estomac. Kumar a déjà avalé son Dhal Bat matinal, mais il me propose un petit restaurant ou je peux manger un petit déjeuner correct et pas cher. Pendant le repas on discute, je raconte mon périple dans l’Annapurna, il me parle de ses études d’histoire, de ses vacances… On discute de mon programme pour mes derniers jours dans son pays, il me recommande certains endroits, que j’avais déjà repérés sur le guide du routard. Et puis de fil en aiguille, on en vient à parler de cinéma et de Bollywood. Je lui dis que je n’ai jamais vu aucun de ces films sucrés et colorés made in India. Mon guide me dit qu’il y a un cinéma à Bhaktapur, et que ça peut être l’occasion d’en voir un. Ok, allons-y ! C’est un peu loin, il faut y aller à moto (décidément).

Le cinéma est un bâtiment récent, propre, peint de couleurs vives et un peu kitsch. Il y a un parking derrière, où on laisse la moto moyennant quelques roupies. On paye nos places à l’extérieur du bâtiment, avant de rentrer dans le cinéma. Pas de bol, à cette heure là, pas de film bollywoodien, on doit se rabattre sur un film Népalais. A l’intérieur on est dirigé dans une grande salle, avec des places au sol et sur un balcon. Je n’ai pas vu si il y avait d’autres salles, mais celle-là donne l’impression d’être immense. Il n’y a pas grand monde, mais j’imagine qu’à cette heure de la journée, la plupart des habitants de la ville travaille. Le film est en Népali, et il n’y a pas de sous-titrage. Kumar me dit que de toute façon, les scénarios de films Népalais sont généralement si pauvres qu’on n’a pas besoin de connaître la langue pour comprendre ce qu’il se passe. Je ne vais pas tarder à découvrir à quel point il a raison.

Le film commence comme une comédie romantique (à ceci prêt que c’est plus nunuche que drôle). Deux jolies Népalaises vivent à Hong-Kong. L’une y est née, l’autre y est arrivée pour travailler. Toutes les deux passent leurs soirées à chatter ou à téléphoner avec deux népalais plutôt beaux gosses (si on aime les cheveux mi-longs luisants de gomina et les regards charbonneux qui se veulent sensuels – un style très à la mode chez la jeunesse branchée) restés au pays. Scène type : la demoiselle dans sa chambre rose bonbon, sert un coussin contre son cœur et se tortille sur son lit en souriant béatement à chaque réponse de son amoureux. Bref, c’est très sirupeux. Au bout d’un (long) moment, les deux garçons se retrouvent à Hong-Kong, et comme les deux filles sont copines, ça tombe bien, ils deviennent tous potes. Et là ça vire tranquillement au film d’action à la John Woo. Les garçons commencent à gagner leur vie en se battant dans des combats à main nue, après quoi ils sont recrutés avec leurs nanas par une organisation mafieuse pour dézinguer les dealers de la bande rivale, et se révèlent tous en deux temps trois mouvements de parfaites machines à tuer. Bien sûr ils gagnent des tonnes de pognon et passent leurs soirées à s’éclater en boite de nuit. Trop belle la vie ! La au milieu, on ne sait pas trop pourquoi, on case une scène de danse folklorique népalaise (costumes tradi sous les spot light, trop glam). Mais voilà, ils font une erreur et doivent fuir au Népal pour ne pas se faire tuer à leur tour. Et là, ils décident de faire dans l’enlèvement d’enfant pour obtenir une rançon. Ça se termine et trahison et combat entre les deux nénettes, et la mort d’une d’entre elles, avant une vue des trois survivants partant dans le soleil couchant. En résumé : sans queue ni tête, ultra violent et complètement immoral. Le pauvre Kumar était tout désolé de me montrer un si piètre représentant de la production cinématographique de son pays. Mais à priori le reste étant du même acabit… Il aurait mieux valu voir un film indien.

 

Après cette édifiante séance de cinéma, Kumar m’emmène dans un petit temple en périphérie de la ville, dédié à Ganesh. De là on a une jolie vue sur la ville et la campagne environnante, ainsi que sur les montagne. On y passe un moment à discuter avant de regagner le centre ville, et de manger un morceau dans un restaurant donnant sur Durbar Square. Ensuite il me fait la visite guidée de la partie historique de la ville : le Durbar Square et ses temples - dont un, Chyasilim Mandap, a été relevé grâce à une aide de l’Allemagne voulue par Helmut Khol et un autre, le temple de Durga est entouré de deux cloches, l’une monumentale, l’autre réputée pour faire hurler les chiens - le palais royal avec les batiments dédiés à la Kumari, le bassin royal entouré de Cobras et le palais aux 55 fenêtre, le premier du Népal dôté de vitres, au XXe siècle. Puis on revient vers la place près de mon hôtel, là ou j’ai passé pas mal de temps la veille : elle s’appelle en fait Taumadhi Pole, et le très beau temple à 5 toits que j’ai déjà admiré à pour nom « temple de Nyatapola », et est en fait le plus haut temple du Népal. La longue volée de marches qui monte jusqu’à l’entrée du bâtiment est bordé de statues, couples de lutteurs, puis d’éléphants, de lions, de griffons et de déesses, chaque couple étant sensé être plus fort que celui qu’il surplombe. L’autre temple, au pied duquel les musiciens jouaient la veille, s’appelle le temple de Bairav, dédié à Shiva sous sa forme la plus terrible. Le temps de faire ce tour et le jour décline déjà. Kumar doit repartir car il habite à une vingtaine de minutes de route de là, et de nuit, c’est loin d’être facile, surtout en moto. On dine donc au même endroit ou j’ai mangé la veille, et Kumar m’apprend que c’est en fait une infirmière européenne (allemande je crois), qui fais du bénévolat au Népal depuis des années, qui a repris ce restau. Ensuite je rentre à l’hôtel après qu’on se soit donnés rendez-vous le lendemain matin pour continuer la visite.

 

Publié dans Voyage Népal

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