Bungamati et Bodnath

Publié le par Dadouchka

Après cette visite, Progress m’invite à prendre un thé dans l’échoppe d’un ami, et me décrit ce qu’il y a à voir dans le coin. Il me parle d’un endroit appelé Bungamati. J’avais déjà repéré ce nom dans le routard, et je pensai y aller de toute façon. Il me propose de m’y emmener en moto : pourquoi pas ! C’est donc parti pour Bungamati. Une petite trotte tout de même, ce n’est pas juste à côté. Après une bonne demi-heure de route, et quelques gouttes de pluie (heureusement, Progress m’a prêté un blouson), on arrive sur place. L’endroit est super, c’est encore un village avec une activité agricole : chapelets d’ail accrochés aux fenêtres, grain mis à sécher au soleil, outils agricoles… et artisanale : beaucoup des objets en bois vendus dans les centres urbains sont fabriqués ici. C’est surtout hyper calme, très agréable après la foule de Katmandou : je suis la seule touriste à l’horizon. Il y a des chiens qui zonent sur la place centrale, plutôts gentils et demandeurs de caresses, mais l’agglutinement de parasites sur leur pelage ne donne pas envie d’y passer la main ! Ce qui est vraiment surprenant, c’est que dans ce petit village tranquille, il y a au milieu de la place un très joli temple de type Sikhara entouré de petits autels, comme sur certaines places de la capitale. Après avoir fait le tour du village, on repart, et on fait une pause au sommet d’une colline qui offre une jolie vue sur la campagne environnante : le panorama offre une illustration parlante du concept de mitage urbain. En contrebas de la pente, de nombreuses constructions récentes et sans aucun charme (au contraire du style newari du village) ont été érigées au milieu des rizières. Où que l’on regarde, il y des constructions. Déjà zone la plus densément peuplée et construite avant l’arrivée des touristes, la modernisation anarchique y a drainé ces dernières années une population toujours plus nombreuse. Il faut espérer qu’au moins les maisons traditionnelles dont sont truffés les villages seront préservées dans cette urbanisation sauvage.

 

Après cette pause nous repartons, et comme je commence à avoir faim, Progress me propose de manger des manger les meilleurs momos de la ville (laquelle au juste je ne sais pas bien…). On s’arrête dans une gargote où je ne serais jamais rentrée seule. Mais c’est vrai, on n’y mange très bien : dommage que je n’aie pas retenu le nom ni le lieu, je ne pourrai pas y retourner si un jour je reviens au Népal ! Une fois rassasiés, Progress me ramène à Bodnath, et me fais visiter la boutique d’un peintre qu’il connaît : le même principe qu’ailleurs, une école dans le magasin, des thangkas de différentes qualités en fonction de l’exécutant et des pigments utilisés. Le propriétaire a une bonne réputation, il a eu un article dans le Times. C’est un ancien moine qui s’est lancé dans le business : et oui, les moines défroqués ça existe aussi chez les Bouddhistes. Pour une fois pas de pression pour que j’achète une peinture, on discute tranquillement, il me raconte l’histoire d’un assassin et escroc français qui est en prison en ce moment au Népal. C’est un personnage a la fois monstrueux et romanesque, plusieurs fois évadé de prison dont une fois en en distribuant des sucreries droguées à ses geôliers, qui a su monnayé son histoire dont plusieurs livres et un film ont été tirés et  qui se fait encore remarqué à plus de 60 ans, alors qu’il est en prison au Népal par son mariage avec la jolie traductrice embauchée par son avocate. Voir: http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Sobhraj et http://zoeroseetdesnews.mabulle.com/index.php/2008/07/08/www.courrierinternational.fr . On parle photo aussi : le peintre vient de s’acheter le même appareil que moi. Je propose de revenir le lendemain pour lui donner quelques trucs pour utiliser l’appareil, parce qu’apparemment, il galère un peu.

 

C’est déjà la fin de l’après-midi, Progress repart chez lui et me souhaite bonne route, et moi je fais le tour du Stupa. Le ciel est menaçant, et assez vite je suis obligée de me mettre à l’abri. Là sous l’auvent d’une boutique, je fais connaissance avec un australien coincé lui aussi par la pluie, et qui loge dans la même guest house que moi. Il a les gros yeux béats et exhorbités des illumlinés, et il m’explique, le temps que la pluie cesse et le temps du chemin de retour, qu’il est venu là depuis l’Inde pour suivre son maître, un lama, et qu’il fait ça la moitié de l’année, le suivre partout où il va pour suivre son enseignement. Le reste du temps, il est photographe en Australie. Il est d’autant plus « accro » au Bouddhisme que c’est ce qui l’a sauvé de la drogue. On pourrait presque dire qu’il a troqué une addiction pour une autre. Il part se reposer avant sa prochaine séance de méditation, et moi je me mets en quête d’un endroit où manger. Ce n’est pas ce qui manque autour du Stupa où tout est organisé pour le tourisme : boutiques de thangkas, de moulins à prière, bijoux, CDs de musique traditionnelle jouant en boucle le célèbre mantra « om mani padme om ». La plupart des restaurants ont une terrasse dans les étages offrant une jolie vu sur le stupa. Le jour décline doucement, et c’est l’heure à laquelle beaucoup de pélerins viennent prier, marchant autour du monument toujours dans le même sens, faisant tourner les moulins à prières qui entourent tous le site, égrenant des chapelets. Beaucoup de pélerins portent le costume traditionnel tibétain : des réfugiés qui se sont installés nombreux ici, contribuant à la fondation de nombreux monastères (plus d’une trentaine autour du Stupa. La foule est de plus en plus compacte et les temples s’animent. Je me trouve une terrasse et je continue d’observer du dessus les pèlerins et les marchands de bougies. Après le repas il fait trop sombre, alors je rentre me coucher, et je reviens le lendemain.

 

Je reprends mes observations et mes photos, en prenant le petit déjeuner. J’y reste plus d’une heure, et pendant tout ce temps, je peux voir une femme prier le long du stupa, à l’intérieur de l’enceinte, dans un petit angle. Inlassablement, elle s’agenouille, puis s’étend au sol, puis se relève et joint ses mains, s’agenouille à nouveau, s’allonge, et ainsi de suite sans s’arrêter. C’est ainsi que les pèlerins Bouddhistes accomplissent en principe leurs pèlerinages, en se prosternant à chaque pas. Ils sont dotés de genouillères et de plaques pour protéger les mains. Je reste un moment comme ça, c’est le matin et c’est calme. Il y a moins de monde que le soir. Je regarde ceux qui prient comme cette none en baskets, ou cet occidental un chapelet à la main, et ceux qui travaillent autour, comme les vendeurs ambulants qui portent leur marchandise sur des plateaux suspendus à un bâton passé sur les épaules. Il y a aussi tous ceux qui marchent sur le stupa. Après le petit dèj, je retourne voir le propriétaire de la boutique de thangkas. Il y a de l’agitation quand j’arrive : une souris s’est introduite dans la boutique et boulotte les peintures : toute l’équipe court dans tout les sens, retourne les peintures, bouge les meubles pour la débusquer. Mais la bestiole est coriace, et ça prend un moment avant qu’ils en viennent à bout. C’est une belle partie de rigolade ! Je prends un quart d’heure pour expliquer ce que j’ai compris du fonctionnement de l’appareil à mon hôte, et je file pour mitrailler le stupa du bas et de l’intérieur. Je photographie aussi les alentours, les temples, je tourne dans les ruelles alentours, où je croise des marchands de perroquets. A l’intérieur du stupa, ou plutôt de l’enceinte (on ne rentre pas sous le dôme lui-même, où seraient abritées les cendres du prédécesseur de Bouddha : Kashyapa), il y a plusieurs niveaux. On accède par le niveau bas qui est au même niveau que la rue, et puis on monte sur les terrasses (au nombre de cinq) grâce à des escaliers. Un peu partout, il y a des autels, certains représentant des divinités hindoues, des moulins à prière, des peintures… des moines sont isolés dans des recoins pour prier, des pèlerins font bruler de l’encens ou tourner les moulins. Des plantes vertes décorent les gradins, à certains endroits, ce sont de vrais petits jardins. Partout les drapeaux à prière égaient la blancheur du stupa de leurs couleurs vives. C’est vraiment grand, le dôme central fait 100m de circonférence. Il aurait été construit au Ve siècle avant J-C, mais son origine exacte est un peu obscure.  Le Stupa a le plan d’un mandala, comme ces représentations de l’univers faite en sable et que l’on disperse sitôt terminées pour symboliser l’impermanence des choses. Le cercle central (le dôme) symbolise l’eau. Il est entouré de carrés (les terrasses), qui représentent la terre, eux même entourés de cercles extérieurs (l’enceinte). La tour surmontant la coupole (le feu) et la couronne qui la surmonte (l’air) complètent la symbolique des quatre éléments. Le Stupa est ainsi un mandala que seul Bouddha peut contempler du ciel.

La matinée passe comme ça, après quoi il est temps de repartir. Je récupère mes affaires et je quitte Bodnath pour la prochaine étape : Bakthapur.

Publié dans Voyage Népal

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article